Javascript Menu by Deluxe-Menu.com fable Jean de La Fontaine : Les poissons et le berger qui joue de la flûte
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Fable, Jean de La Fontaine, 
Les Poissons et le berger qui joue de la flûte,  Livre X, fable 10


Les Poissons et le Berger qui joue de la flûte

               Tircis, qui pour la seule Annette
               Faisait résonner les accords
               D'une voix et d'une musette (1)
               Capables de toucher les morts,
               Chantait un jour le long des bords
               D'une onde arrosant des prairies,
Dont Zéphire habitait les campagnes fleuries.
Annette cependant à la ligne pêchait ;
               Mais nul poisson ne s'approchait.
               La Bergère perdait ses peines.
               Le Berger qui par ses chansons,
               Eût attiré des inhumaines,
        Crut, et crut mal, attirer des poissons.
Il leur chanta ceci : Citoyens (2)de cette onde,
Laissez votre Naïade en sa grotte profonde .
Venez voir un objet mille fois plus charmant.
Ne craignez point d'entrer aux prisons de la Belle :
               Ce n'est qu'à nous qu'elle est cruelle :
               Vous serez traités doucement,
               On n'en veut point à votre vie :
Un vivier vous attend, plus clair que fin cristal.
Et, quand à quelques-uns l'appât serait fatal,
Mourir des mains d'Annette est un sort que j'envie.
Ce discours éloquent ne fit pas grand effet :
L'auditoire était sourd aussi bien que muet.
Tircis eut beau prêcher : ses paroles miellées
               S'en étant aux vents envolées,
Il tendit un long rets (2). Voilà les poissons pris,
Voilà les poissons mis aux pieds de la Bergère.
Ô vous Pasteurs d'humains et non pas de brebis,
Rois qui croyez gagner par raisons les esprits
               D'une multitude étrangère,
Ce n'est jamais par là que l'on en vient à bout ;
               Il y faut une autre manière :
Servez-vous de vos rets, la puissance fait tout.



Source : un apologue d'Esope Le pêcheur qui joue de la flûte

Dans l'apologue d'Esope, c'est un homme et non une femme qui pêche...
Cette fable où prédomine le ton de la pastorale galante, est prétexte à un madrigal dont la galanterie demeure poétique..
La morale de la fable n'est plus comme dans Phébus et Borée "Plus fait douceur que violence", mais plutôt le contraire...
Au moment où se termine la guerre de Hollande, par le traité de Nimègue, et où Louis XIV impressionne par sa puissance militaire, et agrandit son territoire par la politique des "réunions"., la fable prend toute sa signification..

(1) instrument de musique
(2) habitants
(3) filets

illustration : Tony Johannot
Illustration : Tony Johannot

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